Du 30 juin 1764 au 19 juin 1767,
Ces attaques eurent lieu dans un vaste territoire qui recouvre aujourd’hui les départements de la Lozère, du Cantal et de la Haute-Loire.
Dès l’origine, ces évènements vont prendre une ampleur considérable du fait d’une médiatisation internationale sans équivalents !
Des gravures de la Bête sont publiées partout, de Paris jusqu’à San Francisco !
Alors, pourquoi une telle répercussion ?
Ce n’est pas dû à quelconque rôle que pouvait jouer le Gévaudan dans la vie du Royaume de France.
C’était une terre d’élevage relativement pauvre et d’une importance stratégique négligeable.
Le nord de la Province, où sévit la Bête, se sépare entre le plateau de l’Aubrac et les monts de la Margeride.
Loin d’être aussi boisé qu’aujourd’hui, ce vaste territoire était composé de landes et de prairies de pâturage que ponctuaient des bosquets et quelques maigres forêts (Mercoire, de La Tenazeyre, bois de Pommier…).
Les faits, d’une grande violence, dans un territoire rude et isolé ont fortement alimenté l’imagination des chroniqueurs de l’époque.
Car c’est bien le rôle qu’a joué la Presse qui explique l’ampleur de cette affaire.
La fin de la guerre de Sept Ans laisse un vide béant dans les éditoriaux des gazettes.
Ceci, jusqu’à ce que la Gazette d’Avignon s’empare de l’histoire.
Son rédacteur sut habilement broder autour des nouvelles assez lacunaires qui provenaient du terrain.
La pression médiatique devint telle, qu’elle poussa le roi Louis XV, à passer à l’action.
Il se devait d’affirmer sa capacité à protéger et défendre le Royaume.
Néanmoins, l’influence de la famille Choiseul est loin d’être négligeable dans cette affaire.
En effet, si le duc Etienne-François de Choiseul est le plus proche ministre du Roi, son cousin n’est autre que le comte-évêque de Gévaudan : Gabriel-Florent de Choiseul-Beaupré.
Dans un texte resté célèbre sous le nom du “Mandement de l’évêque de Mende” (31 décembre 1764) ce dernier qualifie cette “Bête” de fléau divin et donne donc une dimension mystique aux événements.
En tant que représentant du pouvoir temporel, le comte-évêque assure, par le biais de ses services, un suivi de la traque de la Bête.
Et l’envoi en Gévaudan, du porte-arquebusier du Roi, pour commander les campagnes de chasses, n’est sans doute pas étranger aux relations étroites qu’entretiennent le comte-évêque avec son cousin, ministre du Roi.
Au cours de cette période, de nombreuses battues furent organisées et parmi le grand nombre de loups éliminés, deux grands canidés furent tués.
Le premier par le porte-arquebusier François Antoine le 20 septembre 1765 au Bois de Pommier puis un second par Jean Chastel 19 juin 1767 à la Sogne d’Auvers.
La mort de ce dernier animal met un point final aux attaques dans la région.
Mais pourquoi un tel mystère autour de la Bête ?
Une fois la Bête abattue, elle est apportée au château de Besque, résidence du Marquis d’Apcher, où, après avoir été dûment mesurée, elle est naturalisée de mauvaise façon puis exposée au public pendant plus d’une douzaine de jours.
La dépouille de la Bête est ensuite envoyée à Paris pour être présentée au Roi.
Cependant, les restes de l’animal, sommairement empaillé, auraient beaucoup souffert du transport et de la chaleur. Elle avait perdu ses poils et dégageait une puanteur écœurante quand elle arrive à Versailles, début août 1767.
Le Naturaliste Buffon qui était chargé d’examiner la Bête, n’a pourtant laissé aucun document sur le sujet.
La Bête n’a jamais été présenté à la cour. Elle n’a été ni conservée, ni ensevelie en un lieu connu…
Seul le témoignage du domestique du marquis d’Apcher, « Gilbert », chargé de transporter la Bête jusqu’à Paris, fait état d’un commentaire de Buffon qui, après examen, « …jugea que ce n’était qu’un gros loup … » mais aucun écrit de Buffon n’atteste ses dires.
Il n’en faudra pas plus pour que le mystère de la Bête naisse et s’amplifie.
Depuis le XIXe siècle, cette histoire alimente bien des récits.
Il cristallise encore aujourd’hui les passions entre les tenants du Loup et ceux, nombreux, qui tiennent pour d’autres théories : Homme, animal dressé par l’homme, complot, volonté divine …
L’histoire et sa légende sont aussi une source d’inspiration artistique, des pièces de théâtre, des romans, BD, cinéma….
Les lieux sont toujours là,
même si le paysage est bien plus boisé qu’alors,
pourquoi ne pas partir vous aussi sur les traces de la Bête ?
Ouvrages de référence :
- CHABROL Jean-Paul, La bête des Cévennes et la bête du Gévaudan en 50 questions, Editions Alcide, 2018.
- MAURICEAU Jean-Marc, La bête du Gévaudan: Mythes et réalités, Éditions Tallandier, pp.624, 2021
- MAURICEAU Jean-Marc, La Bête du Gévaudan, la fin de l’énigme ?, Editions Ouest France, 2015.
- MAURICEAU Jean-Marc, La Bête du Gévaudan, Larousse, Paris, 2008.
- MAURICEAU Jean-Marc & MADELINE Philippe, Repenser le sauvage grâce au retour du loup : les sciences humaines interpellées, Presses universitaires de Caen, coll. « Bibliothèque du Pôle rural » (no 2), 2010
- SOULIER Bernard, Sur les traces de la bête du Gévaudan et de ses victimes, Editions du cygne, Paris, 2011.
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